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Interview – Catherine Rolland

Montage personnel – photo auteure © Catherine Rolland


Rencontre avec Catherine Rolland !


Payernoise d’adoption, Catherine Rolland a le vent en poupe. Médecin-urgentiste à la ville, l’écrivaine aura vécu une grande année 2023 avec plusieurs sorties et l’attribution du Prix Polar Suisse ! Pétillante, débordante d’énergie et d’idées, elle évoque avec nous son amour de l’écriture et sa vie d’auteure, et nous dévoile ses projets foisonnants pour 2024.


Bonjour Catherine ! En guise d’introduction, pourrais-tu s’il te plaît te présenter pour celles et ceux qui te découvrent aujourd’hui ?

Bonjour, je suis Catherine Rolland, écrivaine, médecin et mère de deux grands enfants. Je vis en Suisse depuis 2014 et je travaille à mi-temps aux urgences d’un centre hospitalier. Mon autre mi-temps est consacré à l’écriture.

En septembre dernier, tu as remporté le Prix Polar Suisse 2023 avec Les Inexistants.  Comment as-tu vécu cette expérience et la notoriété que cela engendre ?

Recevoir un prix littéraire est une source de joie et de fierté, bien sûr. Je suis d’autant plus heureuse que ce prix distingue une œuvre écrite par un auteur suisse ou vivant en Suisse, quelle que soit la langue dans laquelle il écrit. J’aime beaucoup cette philosophie, qui tend à fédérer les divers aspects linguistiques et culturels de notre pays.

Après l’annonce du prix, j’ai effectivement bénéficié d’un certain intérêt de la part des médias, avec plusieurs passages à la radio et à la télé, notamment. Je me réjouis de cette opportunité de faire découvrir mon univers littéraire à de nouveaux lecteurs.


L’année 2023 aura été bien remplie entre les sorties de deux romans jeunesse, Le tombeau de la reine Berthe et L’escape game de Leysin, une courte pièce de théâtre dans le recueil Six pièces en noir, la réédition d’un de tes premiers romans, Le cas singulier de Benjamin T., et enfin les deux derniers tomes d’Emma Paddington ! Comment arrives-tu à concilier ton temps d’écriture et ton métier de médecin ?

C’est une question qu’on me pose fréquemment. Pour la boutade, je réponds que je rogne sur le sommeil, ce qui n’est pas tout à fait vrai, heureusement ! J’ai la chance d’avoir un poste à mi-temps à l’hôpital avec des jours fixes et en journée, ce qui m’aide beaucoup à concilier toutes mes activités.

2023 a été particulièrement chargée sur le plan des parutions, c’est vrai, mais c’est assez normal dans la mesure où j’écris pour plusieurs maisons d’édition différentes, et que j’ai également une activité d’auteure autoéditée pour certains de mes titres. Par chance, j’écris vite, ce qui est aussi un avantage.

Tes romans évoquent des univers très éclectiques en passant, entre autres, du roman noir, à une saga urban fantasy et aux romans jeunesse. D’où te vient ton inspiration débordante ? Comment jongles-tu entre ces mondes si différents ?

De même que je lis de tout et que je ne me cantonne pas à un seul genre, j’aime jongler entre les thématiques, les intrigues, les personnages… C’est vrai qu’entre Emma Paddington et Les Inexistants, je fais un peu le grand écart, même si je pense qu’on retrouve probablement ma « patte » dans tous mes livres.

Le fait de passer d’un genre à l’autre est une manière de me renouveler, de ne pas tomber dans une routine qui pourrait m’inciter à écrire plus ou moins toujours le même type de livre… et donc à lasser, mon lectorat, et aussi moi-même !

Je ne sais pas vraiment d’où viennent les idées, mais cette alternance de genre est aussi un bon moyen de ne pas risquer de souffrir du Syndrome de la page blanche !

Parle-nous de ton processus d’écriture : as-tu des moments privilégiés pour te mettre à écrire ? Des manies d’écrivaine ? Des superstitions ? Qui peut te lire avant la parution ?

Je suis plus productive le matin, j’écris plus vite et plus facilement et c’est pour cela que je privilégie les séances d’écriture en début de journée. Cependant, je peux écrire un peu n’importe quand, sans vraiment de délai de latence pour me plonger dans mon texte. Je n’ai pas de manie, mais j’ai besoin de silence pour me concentrer. Pas de musique pour moi, encore moins d’écriture dans un lieu bruyant comme un café ou autre… Je ne fais généralement pas lire en phase d’écriture, non par superstition mais parce que le texte peut être appelé à changer.

Quand le premier jet est terminé, j’ai une petite équipe de bêta-lectrices qui décortique le texte et me fait des retours pour l’améliorer. Selon que je publie en indépendante ou en maison, le roman file ensuite dans les mains de l’éditrice/éditeur et de son équipe, puis à la correction ortho-typo.

Enfin, quelques blogueuses triées sur le volet (et dont je te remercie de faire partie !) reçoivent le roman quelque temps avant sa sortie, pour avoir de premières chroniques le jour J.

En somme, ça fait pas mal de monde qui met le nez dans le livre avant sa sortie officielle !

Pour certains des tes ouvrages, tu as fait le choix de l’autoédition. Comment es-tu arrivée à cette option de publication ? Quels avantages et inconvénients y trouves-tu ?

Il y avait longtemps que cette idée me trottait dans la tête. J’ai décidé de franchir le pas avec ma saga de fantasy urbaine Emma Paddington, dont le genre et la forme se prêtaient bien à l’édition indépendante. Le fait qu’il s’agisse d’une série en cinq tomes (tous sont parus à présent !) la rend particulièrement intéressante pour ce mode de publication. Les cinq romans sont parus en deux ans seulement, ce qui est un gros plus pour ne pas perdre de lecteurs en route, mais qui est difficilement réalisable en édition traditionnelle. La « durée de vie » d’un roman en librairie (publié en maison d’édition traditionnelle, donc) est très courte, deux à trois mois seulement, et c’est très frustrant pour l’auteur… A contrario, depuis la sortie du tome 1 en octobre 2021, Emma Paddington se vend toujours aussi bien, avec plusieurs milliers de lecteurs (en tenant compte à la fois des ventes au format papier et des ventes en ebooks). Je suis ravie d’avoir réussi mon pari, et je compte poursuivre en autoédition pour mes prochains romans fantastiques, avec une nouvelle série sur laquelle je travaille actuellement, et qui devrait paraître en 2024.

L’autoédition n’est pas faite pour tout le monde, et nécessite énormément de travail et d’investissement. Il faut y passer beaucoup de temps, se former, s’entourer des bonnes personnes et ne jamais lâcher. C’est une course de fond, extrêmement gratifiante au final, mais il faut comprendre que rien ne se fera « tout seul ». Pour ma part, je ne regrette qu’une chose : ne pas avoir commencé plus tôt !

En revanche, pour le noir et la jeunesse, je souhaite rester en maison d’édition traditionnelle.

Après cette année foisonnante, quels sont tes projets pour les mois à venir ?

Comme je le disais plus haut, je suis actuellement en train de travailler sur une nouvelle saga de fantasy urbaine. Même si elle est assez différente de l’univers d’Emma Paddington, on retrouvera les ingrédients qui ont fait le succès de la série : des personnages attachants, une intrigue farfelue, de l’humour et des situations décalées émaillées de nombreux rebondissements !

En parallèle, pour 2024, deux sorties jeunesse sont prévues chez Auzou Suisse : un nouveau polar pour les 9-13 ans dans la collection Frissons suisses, et le tome 1 d’une toute nouvelle série pour les 7 ans et plus, avec les petites aventures du quotidien d’un trio de copines.

En 2024 également, pour la rentrée littéraire d’août, mon nouveau roman noir paraîtra aux Éditions Slatkine : une histoire de vengeance, dénonçant notamment les abus et la maltraitance des enfants dans le milieu sportif.

J’ai également écrit une nouvelle pour un recueil collectif, dont l’objectif (ambitieux !) était de rendre hommage à H.P Lovecraft, en revisitant son œuvre à la sauce suisse !

Pour finir, j’ai été sollicitée par les Éditions suisses Kadaline pour leur collection « Réécriture des classiques ». Les Hauts de Matterhorn, respectueusement inspiré des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, devrait paraître début 2025. Je crois que c’est tout 🙂

Écrivaine, médecin, tu aimes aussi énormément lire ! Tu partages d’ailleurs tes avis sur ton blog. Quels sont tes genres de prédilection ? As-tu des auteur(e)s fétiches ?

J’aime beaucoup lire, c’est vrai. C’est d’ailleurs indispensable pour écrire, à mon sens. J’ai en revanche dû mettre mon activité de chroniqueuse en pause ces derniers temps, pour des raisons évidentes d’emploi du temps… Je suis éclectique dans mes choix de lecture : je lis de tout. Du noir, du fantastique et aussi de la littérature blanche. Mes auteurs fétiches ? Yasmina Reza, Philippe Besson, l’Islandaise Auður Ava Ólafsdóttir et l’incontournable Stephen King.

Une dernière question pour finir : aimes-tu la littérature suisse ? Si oui, quels ouvrages pourrais-tu recommander aux lectrices et lecteurs du blog ?

Catherine Rolland et Cyril Vallée, en pleine préparation de leur futur podcast Duo de plumes © Photo Instagram de Catherine Rolland
Catherine Rolland et Cyril Vallée, en pleine préparation de leur futur podcast Duo de plumes © Photo Instagram de Catherine Rolland

Le milieu littéraire suisse est un tout petit monde, et je connais la plupart des auteurs actuels, que j’ai toujours plaisir à retrouver en salon ici ou là… Parmi les dernières lectures que j’ai appréciées, je peux citer le magnifique Le ciel se couvre de Jean-Jacques Busino, le très drôle Le Big Challenge d’Abigail Seran, ou encore Gilles de Montmollin avec La fille qui n’aimait pas la foule. J’apprécie la plume très imaginative et souvent poétique de Fabrice Pittet (Mémoires d’Exoterre), les excellentes Brèves de salons d’Olivier Chapuis ou encore Mortelle curatelle de mon ami et collègue du Gahelig (Groupe des Auteurs Helvétiques de Littérature de Genre) Christophe Barraud. Dans ce gang d’auteurs géniaux, dont j’ai la chance de faire partie, je voudrais citer tout le monde mais la place va manquer, alors j’en mentionnerai deux de plus : Sara Schneider et sa saga à succès Les enfants d’Alliel, et mon complice Cyril Vallée, avec lequel je lancerai en janvier un podcast littéraire, Duo de plumes, pour sa série fantastique Time Skippers, dont le deuxième tome sortira tout bientôt.


Un grand merci Catherine d’avoir répondu à mes questions et d’avoir inauguré cette toute nouvelle rubrique sur le blog ! Et merci pour ton amitié et pour ta confiance renouvelée lors de tes sorties livresques !

Retrouvez les liens de mes chroniques des livres de Catherine Rolland ci-dessous :

Et rendez-vous sur son site pour découvrir toute son actualité et sa boutique en ligne : https://catherine-rolland.com




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