Interview – Christophe Barraud
Rencontre avec Christophe Barraud !
Déjà auteur de deux livres en autoédition, Christophe Barraud a connu une année 2023 riche en publications et évènements, entre un concours littéraire remporté haut la main, deux nouveaux ouvrages sortis dans deux maisons d’édition différentes et l’organisation d’un festival littéraire !
Bonjour Christophe ! En guise d’introduction, pourrais-tu s’il te plaît te présenter pour celles et ceux qui te découvrent aujourd’hui ?
Bonjour Rebecca. Merci pour ton invitation ! Je m’appelle Christophe Barraud, j’ai 35 ans, j’habite à Échallens au cœur du canton de Vaud. Je partage ma vie avec mon amour d’enfance et mes lapins. Côté job, j’ai fait des études pour devenir ingénieur en robotique. J’ai eu la chance de mener une entreprise dans ce domaine pendant 6 ans et depuis 4 ans, j’accompagne des personnes qui souhaitent lancer leur boîte en tant que coach chez GENILEM. Je suis un fan de jeux de société, je bricole et, bien sûr, j’écris.
D’où te vient cet amour de l’écriture ? Depuis quand écris-tu ?
J’écris depuis l’adolescence. J’ai toujours aimé les histoires, le cinéma, les séries télévisées. J’ai aussi fait de l’improvisation théâtrale pendant une dizaine d’années et je me suis vite aperçu que je préférais inventer des histoires que les jouer sur scène. Du coup, j’ai commencé par écrire des débuts de romans à l’adolescence (je dois avoir encore une centaine de pages d’un bouquin de fantasy jamais terminé). J’ai aussi pris des cours pour comprendre les ficelles du métier et m’améliorer. Mon premier roman est né à la suite d’une partie de jeu de rôle où, avec des amis, on a incarné des nains de jardin éco-activistes pendant une soirée. Ça m’a tellement plu que j’ai commencé à imaginer des nains de jardin prenant vie et se rebellant contre leur condition, et voilà, ça a donné un roman.
En septembre dernier, tu as remporté le premier Prix du Polar de la Rive 2023 avec ton roman La tête hors de l’eau. Peux-tu nous expliquer le cheminement vers ce prix et cette expérience littéraire ?
À la base, c’est une amie d’enfance qui m’envoie une photo d’un article de journal parlant d’un concours littéraire. Les Éditions de la Rive cherchaient des textes originaux, dans le genre du polar, qui se passaient au bord de l’eau et qui avaient pour thème l’addiction. C’était en janvier 2023 et à l’époque je venais de sortir Malléable et j’avais mon troisième roman en phase de correction aux Éditions Montsalvens. J’ai dit à mon amie, merci, mais je n’aurais pas l’inspiration ni le temps (d’autant que la deadline était en mai je crois). Et puis un peu plus tard, une collègue me dit qu’elle part se baigner dans le lac alors que tout gelait. Et là, ça a fait tilt. Je me suis dit qu’il fallait être addict pour aller se baigner dans un lac à 6°C. L’idée avait germé et je me suis dit que ce serait trop bête de ne pas tenter ma chance.
J’ai pris contact avec quelques amis qui avaient relu mes anciens romans pour voir si je pouvais me constituer un petit comité de lecture. J’ai pondu le premier jet en moins de deux mois et l’ai envoyé autour de moi. J’ai eu de bons retours et ça m’a permis de le corriger dans les temps. C’est l’éditeur, Christian Dick, qui m’a contacté en juillet pour me dire que j’avais gagné et qu’on avait deux semaines pour boucler les corrections car il sortait en septembre. C’était fou, je n’aurais jamais pensé pouvoir passer de l’idée au roman en neuf mois, mais on l’a fait et je suis super content du résultat !
En 2023 encore, tu as reçu une autre récompense avec le deuxième rang du Prix Vanil Noir du polar des terroirs et obtenu par conséquent la publication de Mortelle Curatelle aux Editions Montsalvens. Être publié par une maison d’édition reconnue change-t-il beaucoup de choses par rapport à l’autoédition et tes deux premiers romans (La révolte des bonnets rouges et Malléable) ?
Très clairement, oui. Déjà, on n’est plus seul à tout faire. On reçoit les conseils de correcteurs professionnels, j’ai pu voir la couverture se réaliser avec une illustratrice, suivre le processus d’édition, de mise en page, d’impression, le tout sans devoir investir moi-même. Mais la vraie différence vient dans la diffusion. On entre beaucoup plus facilement en librairie avec un roman édité par une maison, on est invité à différents événements et dans le cas de la collection Vanil Noir de Montsalvens, on bénéficie de l’aura créée par l’éditeur et les autres auteurs. Je le vois très clairement quand on est ensemble à un marché, par exemple. Certaines personnes viennent en disant avoir lu celui-ci ou celui-là et du coup ils vous prennent le vôtre pour découvrir. On rencontre aussi d’autres auteurs et on peut se relayer les uns les autres, c’est très agréable.
En novembre dernier a vu le jour le festival ALTERFICTIONS que tu as créé avec d’autres auteurs romands. Pourrais-tu nous raconter l’origine ? Et comment avez-vous tous vécu les mois de préparation et le baptême du feu ?
J’ai rejoint le GAHeLiG (on en reparlera juste après) en été 2022. À l’automne, une discussion démarrait sur WhatsApp, parlant d’une collaboration entre notre groupe et l’AMDA (Association des Amis de la Maison d’Ailleurs). Comme j’étais en pleine découverte de ce monde littéraire, je me suis dit que je pouvais me porter volontaire pour ça. Et on a commencé à en discuter. L’AMDA avait quelques sous, nous on avait surtout de la bonne volonté et on s’est assez vite orienté sur l’idée d’organiser un festival. On s’est retrouvé à quatre avec Sara Schneider, Nicolas Genoud et Vincent Gerber pour former un comité et poser les bases du projet. Assez vite, on a reçu du renfort entre AMDA et GAHeLiG. C’était un gros boulot, tout était à faire. On a fait appel à un illustrateur pour nous faire un logo, une affiche, puis on a monté un site web et lancé la communication. On s’est fait rattraper par notre succès quand on a lancé l’appel aux auteurs, on s’est retrouvé à presque 80 ! On voulait aussi casser les codes en ne mettant pas les auteurs derrière une table de dédicace, mais en créant des îlots de romans par genre. C’était très chouette, mais ça a demandé un job de fou à l’équipe qui gérait les auteurs.
Quel a été le bilan de cette aventure ? Êtes-vous prêts à remettre le couvert l’année prochaine ?
Le gros stress qui restait le jour J, c’était la fréquentation. On avait eu beau faire tout le bruit possible, on ne savait pas si on aurait 20 personnes, 200 ou 2’000. On avait calculé qu’à 500 visiteurs sur le week-end, on serait bien et on les a eus le premier des deux jours. En tout, c’est près de 1’000 personnes qui sont venues au Château d’Yverdon ce week-end-là.
En bref, c’était extrêmement intense, c’était fou, ça nous a soudé comme on ne l’aurait pas imaginé et on est ravis du résultat. Quant à remettre le couvert, on a décidé de faire cet événement tous les deux ans. Déjà parce que c’était beaucoup de travail, mais aussi parce qu’on voulait permettre aux auteurs de se renouveler un peu. On avait peur de retrouver beaucoup de titres similaires sur les tables si on le faisait chaque année. Par contre, on va faire des plus petits événements d’ici là pour faire vivre le projet, mais ça, ce n’est pas encore très clair. J’invite tout le monde à nous suivre sur les réseaux !
Et j’en profite pour remercier encore cette équipe absolument exceptionnelle avec laquelle j’ai eu la chance de monter ce projet. Ce succès, c’est avant tout grâce à l’implication de tout ce groupe.
Comment as-tu réussi à concilier ton emploi en entreprise, les nombreux textes que tu as écrit, les dédicaces et l’organisation du festival ?
Très honnêtement, j’étais épuisé à la veille de Noël. J’ai eu une année très intense en effet. Quand j’ai rejoint le comité d’ALTERFICTIONS, j’avais un roman de publié et un deuxième sur le point de sortir. Et entretemps, j’en ai deux autres qui sont arrivés et qui sont sortis en juillet et septembre, avec le festival en novembre. Tout est arrivé en même temps. J’ai jonglé comme j’ai pu entre mon job (heureusement à 80%) et ces activités. J’ai moins vu mes amis et j’ai été absent pas mal de soirées et de week-ends. J’ai senti que côté couple, j’ai tiré sur la corde. Du coup, dès le 22 décembre, j’ai débranché les réseaux sociaux et je me suis focalisé sur mes proches et moi.
Tu fais donc partie du GAHeLiG (Groupe des auteur.e.s helvétiques de littérature de genre). En quoi cela est-il important de vous fédérer entre auteur.e.s en Suisse romande ?
J’ai été invité à rejoindre ce groupe par Catherine Rolland que tu as interviewée récemment. À l’époque, je ne connaissais pas le groupe, mais j’ai tout de suite été séduit par l’idée. L’écriture reste une activité très solitaire et même si j’avais peaufiné mes compétences pendant une quinzaine d’années, je n’avais aucune idée de comment se passaient les choses une fois un roman publié. Du coup, ce groupe a été incroyablement bénéfique pour moi. On s’entraide, on répond aux questions les uns des autres, on est aussi plus crédible quant on va dans un salon littéraire en arrivant en groupe. Pas un jour ne passe sans que notre groupe WhatsApp voie passer une cinquantaine de messages. On rit beaucoup, c’est vraiment devenu un groupe très proche et je considère désormais certains d’entre eux comme des amis.
Après ces derniers mois plus qu’actifs, quels sont tes projets pour l’année 2024 ?
Me reposer (haha, ça tiendra deux semaines). Très honnêtement, je n’ai pas de grands plans en ce moment. Je continue la promotion de mes romans, notamment le salon du livre de Genève où je participerai pour la première fois en tant qu’auteur, je m’en réjouis ! J’ai aussi un vague projet qui traine dans ma tête. Un genre de combinaison de mes derniers romans. Quelque chose qui ressemblera à un thriller fantastique décalé. Mon inspiration, c’est Douglas Adams et son personnage de « Dirk Gently, le détective holistique ». Mais on a le temps de voir venir, pour l’instant j’ai deux pages A4.
Mon plan de base en 2021 avait été de sortir mes deux premiers romans en autoédition et de voir où le vent me porterait. Du coup, c’est bien possible que je me laisse encore porter, ça m’a plutôt bien réussi 🙂
Une dernière question pour finir : es-tu un grand lecteur ? Aimes-tu la littérature suisse ? Si oui, quels ouvrages pourrais-tu recommander aux lectrices et lecteurs du blog ?
Je lis pas mal en effet. Côté GAHeLiG, mon coup de cœur c’est la saga de Sara Schneider, Les Enfants d’Aliel, de l’excellente fantasy. J’ai dévoré la saga des Emma Paddington de Catherine Rolland. J’ai beaucoup aimé Ramsès Boulevard de Nicolas Genoud, un mélange explosif de polar, de fantastique et d’horreur. J’ai aussi trouvé géniaux les recueils de Fabrice Pittet, Mémoires d’Exoterres et Échos d’Exoterres, des minis romans qui naviguent entre science-fiction, fantastique et fantasy, avec un petit coup de cœur pour une histoire de sorcières qui montent une maison hantée dans une fête foraine. Sinon, j’ai eu la chance de rencontrer Nicolas Feuz à plusieurs reprises et j’adore ses polars, Brume Rouge ou encore le petit dernier Le Philatéliste.
Un grand merci Christophe d’avoir répondu à mes questions !
Retrouvez les liens de mes chroniques des livres de Christophe Barraud ci-dessous :
Et rendez-vous sur son site pour découvrir toute son actualité et sa boutique en ligne : https://christophebarraud.ch/