Parall’Elles – Céline Gastaldi

Quatrième de couverture

Comment la vie d’une journaliste de guerre en Syrie peut-elle être liée à celle d’une mère de famille dans un petit village de Suisse?

Alep, Syrie. Adeela vit sous le feu des bombes depuis deux ans, en tant que reporter de guerre. Poussée par son devoir d’information, elle va se battre au péril de sa vie pour relater le quotidien d’un peuple meurtri. Elle entamera alors le chemin de la migration, que tant d’autres avant elle avaient pris, des confins de la Syrie à la Suisse, en passant par les îles grecques.

Orval, Suisse. Sophie, photographe à son compte, tente de donner un sens à sa vie d’épouse et de mère de famille. Arrivera-t-elle à sauver son couple, tandis qu’une rencontre fortuite va bouleverser son quotidien et ébranler ses valeurs ?

Mon avis

Septembre 2016, dans l’est d’Alep en Syrie, nous faisons connaissance avec Bassam, Samira, Yazan, Adeela et Tobias, qui s’apprêtent à passer encore des heures dans les sous-sols de l’immeuble, suite à une attaque de bombes. Les habitants d’Alep sont malheureusement coutumiers de ces épisodes et de ces moments dans leurs abris de fortune. Bassam et son frère Yazan font partie des « casques blancs », des volontaires de la défense civile syrienne, travaillant dans les décombres pour extraire des survivants et assurer les premiers secours.

Trentenaire, Adeela est suisso-syrienne. Depuis maintenant deux ans, elle vit en Syrie pour son travail de reporter de guerre. Animée par la volonté de faire connaître les horreurs des conflits de l’intérieur et l’envie de partager au plus près la réalité des locaux, elle relate les événements sur un blog et collabore avec des médias francophones.

À des milliers de kilomètres, en Suisse, Sophie Junod, jeune quarantenaire dynamique, a récemment quitté son job de rédactrice dans un magazine féminin dans lequel elle écrivait des articles sur le thème de la santé et du bien-être. Maintenant à son compte comme photographe, son rêve serait d’être publiée dans le prestigieux National Geographic. Avec son mari et leur fille de 12 ans, ils sont installés depuis peu dans un petit village du Jura vaudois, après des années en ville. Ce tableau aux apparences idylliques cache des ombres : Sophie éprouve de plus en plus de difficultés à être sur la même longueur d’ondes que son mari. Il faut dire qu’après une dizaine d’années ensemble, la routine s’est installée, et qu’une rencontre, au détour d’une marche en forêt, va tout remettre en cause !

Parall’Elles met en scène deux femmes aux vies diamétralement opposées mais qui ont des points communs. Au premier abord, on pourrait penser lire une romance, mais l’histoire dépeinte par Céline Gastaldi s’avère beaucoup plus profonde et intense que prévu. En préambule, l’auteure explique avoir découvert en 2015 l’ampleur de la guerre en Syrie et la problématique de l’exode, allant jusqu’à se rendre par deux fois en Grèce pour accueillir les migrants et apporter son soutien, et révèle que si ses personnages sont fictifs, les situations découlent de récits de vie qu’on lui a racontés. À la lumière de ces informations, les chapitres relatant des bombardements et de la route de l’exil ne peuvent que frapper les esprits – car criant de vérité – et résonnent comme extrêmement poignants et durs.

Céline Gastaldi brosse des personnages pour lesquels on éprouve vite un grand attachement et qu’il est difficile de quitter. Très instructif sur le chemin emprunté par les migrants, le roman nous fait voir l’actualité autrement, nous ouvrant les yeux vis-à-vis des grandes difficultés logistiques et humaines rencontrées par ces peuples déplacés. La romancière apporte son éclairage avec force, sensibilité et finesse, sans pour autant tomber dans le sordide. Le destin des ces deux femmes soulève enfin des questionnements profonds sur le couple et l’amour, qui ne laissent pas indifférent.

En résumé

Un roman sensible et touchant !