Ubac to Hell – Thomas Lécuyer
Quatrième de couverture
Pas facile d’accéder au panthéon du rock quand on habite entre Aigle et Ollon. Pourtant, c’était bien l’objectif des jumeaux Hervé et Thierry, en montant leur groupe cinq ans plus tôt, avec Jasonne, une bassiste virtuose au look de garçonne, et Steven, un batteur valaisan un peu trop porté sur la Suze-Coca. Ils s’appelaient Ubac. Pourquoi Ubac ? Franchement, vous croyez qu’on demandait à John et Paul pourquoi les Beatles? Ou à Mick et Keith pourquoi les Stones? Non. Mais voici quand même la réponse : comme ce versant de la montagne, le groupe n’était que très rarement exposé à la lumière. Mais Hervé allait remédier à cela en passant un pacte avec le diable. Après tout, ça avait bien fonctionné pour Robert Johnson…
Mon avis
Hervé et Thierry sont jumeaux. Ils ont grandi dans le Chablais vaudois. Avec un père fan de rock à la collection bien garnie de disques vinyle, les enfants ont été initiés très tôt à la musique. A l’aube de la quarantaine, alors que Thierry a tout du type qui semble avoir réussi sa vie – père de famille avec un emploi stable d’assureur –, Hervé vivote de remplacements en tant que professeur et a une situation affectif proche du néant.
Voulant sortir de son train-train, Hervé motive son frangin à monter un groupe. Ils recrutent alors Jasonne, une bassiste qui travaille comme comptable le jour, et Steven, garagiste et batteur. Ayant du mal à percer au-delà de leur petite région, une phrase résume bien la situation de leur band baptisé Ubac : « comme ce versant de la montagne, le groupe n’était que très rarement exposé à la lumière ».
Vite lassé par le manque de reconnaissance, Hervé devient obnubilé par Robert Johnson, légende du Blues, qui aurait pactisé avec le diable pour obtenir la gloire. Il sollicite alors un chaman pour faire de même et après quelques rites vaudou, les choses vont sérieusement se compliquer…
Récit construit en deux parties intitulées Face A et Face B, à l’image d’un disque, Ubac to Hell offre une réflexion sur ce que chacun est prêt à faire pour atteindre ses rêves et les sacrifices consentis. Ce court récit nous place dans l’univers de la musique et des concerts, thèmes bien connus de l’auteur, lui-même fondateur d’un festival de blues. Beaucoup de références intéressantes parsèment ce scénario sanglant, avec une analogie sympathique au Dragon du Muveran, premier polar de Marc Voltenauer.
N’ayant lu jusqu’à présent que six ouvrages sur les vingt-six de la collection Gore des Alpes, je suis loin d’être une experte mais l’opus proposé par Thomas Lécuyer m’a semblé relativement modéré quant aux scènes violentes, même s’il n’en reste pas moins dans la pure veine de la maison d’édition valaisanne. Une histoire sombre et cynique qui évoque également la dépression, la folie, mais aussi l’amitié et l’amour.
En résumé
Un livre divertissant sur fond de rock’n’roll diabolique et sanglant !
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A propos de l’auteur du roman
Cofondateur du Blues Rules Festival, passionné de soul et de blues, Thomas Lécuyer est programmateur, journaliste culturel et critique cinéma pour plusieurs médias. Son premier roman, Deux minutes d’arrêt, est publié en 2013 aux Editions Le Manuscrit, suivi en 2022 par Moon Lake, sorti aux Editions Plaisir de Lire.
A propos du livre
Gore des Alpes
Ardon (VS), février 2024
108 pages
2 Comments
Fattorius
Thomas Lécuyer arrive là où on ne l’attendait pas forcément! Une prochaine lecture, peut-être; merci pour le partage!
Il y en a un que j’ai bien aimé, c’était « Tunnel pour l’enfer », une histoire de tunnel de base du Saint-Gothard… Sans oublier les deux romans signés Gabriel Bender, inspirés d’événements historiques (je pensais que c’était une constante dans la collection, l’exemple de Thomas Lécuyer que tu évoques me détrompe).
Bon week-end à toi!
T'as où les livres ?
Bonjour Daniel !
Sur les 6 Gore que j’ai lus, ils n’étaient pas tous basés sur des événements historiques. https://tasouleslivres.com/tag/gore-des-alpes/
J’ai aussi lu Tunnel pour l’enfer de Marie Javet, une très bonne histoire !
Bon week-end et merci pour ton message
Rebecca