Beatenberg – Sophie Barth-Gros
Quatrième de couverture
Sophie Barth-Gros nous invite à la rencontre de Rilke, Balthus, sa mère la peintre Baladine Klossowska, ainsi que la sculptrice Margrit Bay lors d’un séjour à Beatenberg, du 18 août au 6 septembre 1922. Ces acteurs de la vie artistique suisse et européenne du XXe siècle et leurs interactions au lendemain de la Première Guerre mondiale permettent de s’interroger sur ce qui entre en jeu dans les mécanismes qui mènent à la création en général, et sur l’importance des expériences de l’enfance et de la jeunesse en particulier. Le village de Beatenberg ainsi que les protagonistes et leurs environnements offrent quatre dimensions qui semblent se révéler décisives tout au long de ce cheminement créatif : la bonne société, la nature, la spiritualité et l’amour.
Mon avis
Rainer Maria Rilke, le célèbre poète autrichien, arrive pour quelques jours à Beatenberg, accompagné par l’aquarelliste Baladine Klossowska. Cette dernière y retrouve son fils Balthasar – le futur peintre Balthus – qui séjourne dans une résidence d’artistes. L’adolescent est un habitué des lieux, y passant ses étés depuis quelques années pour des raisons de santé. Tout comme la narratrice du roman, une aristocrate belge, qui fuit sa Belgique humide afin de profiter des bienfaits de la montagne et d’atténuer les séquelles de la grippe espagnole. Ce petit monde fait connaissance à l’occasion d’un fastueux repas dans un grand hôtel et au cours d’autres événements durant l’été 1922.
Après Augusta (Ed. de l’Hèbe, 2022), Sophie Barth-Gros nous plonge à nouveau dans le milieu des arts, abordant ici la poésie, la sculpture, la peinture, le théâtre. Le temps d’un été, ces rencontres offrent aux artistes et gens bien nés une parenthèse et des moments de partage sur diverses formes de création.
Beatenberg se trouve être un récit empreint d’élégance, de bienséance, et de douceur. Avec sa plume précise et lyrique, l’auteure dévoile un roman à l’ambiance feutrée et surannée des années 1920, période particulière de l’entre-deux-guerres. Hormis dans les premières pages et à la toute fin, la romancière a fait le choix intéressant de nommer les personnages selon leur fonction (« le poète, le futur peintre »…). Cette figure de style est une manière de les garder anonymes et permet de placer habilement leur art en premier, plutôt que leur notoriété. Au passage, ces mises en lumière nous en apprennent beaucoup sur chacun d’eux.
Dans son deuxième roman, Sophie Barth-Gros rend également hommage à cette Suisse qui a su attirer les aristocrates et personnalités de tous bords, se forgeant une réputation de lieu de villégiature privilégié. Niché sur les hauteurs du lac de Thoune, le village de l’Oberland bernois offre quiétude et vue imprenable sur les Alpes et laisse les vacanciers sous le charme. Comme beaucoup d’autres stations, Beatenberg a connu un âge d’or avec ces grands hôtels, ces visiteurs illustres, venus chercher dans cet écrin sublime le repos et l’air pur.
En résumé
Un joli roman au cœur de la création artistique !
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A propos de l’auteure du roman
Sophie Barth-Gros est enseignante au CFP Arts à Genève. Après Augusta (2022), Beatenberg est son deuxième roman, également paru aux Editions de l’Hèbe.
A propos du livre
Editions de l’Hèbe
Charmey, mars 2024
128 pages