Le Vol des Glaneuses – Matteo Salvadore

Mon avis

Sur la Riviera vaudoise, un matin froid de décembre aux aurores, Tinguely et Vallotton sont en planque dans une ambulance. Avec leur chef Borgeaud, ils attendent un colis un peu spécial, qui tarde à arriver. L’équipe est en effet sur le point de braquer un fourgon et de dérober une caisse en bois volumineuse contenant Les Glaneuses, le célèbre tableau de Burnand, lors de son transfert entre le musée Convert-Maillard de Vevey – où il se trouvait depuis six mois pour une exposition temporaire – et le musée consacré au peintre à Moudon.

Après Larmes de renard (Plaisir de lire, 2022), Maude Colomb, inspectrice principale de la brigade criminelle de Vevey, reprend du service. Les lecteurs ayant découvert la première enquête seront ravis de retrouver l’équipe soudée et attachante travaillant avec Maude. S’ajoute maintenant à la brigade veveysanne Lisa, une nouvelle venue qui énervera certains de ses collègues avec une personnalité un brin particulière et des méthodes de réflexion peu orthodoxes pour un commissariat.

Dans une autre temporalité, quelques mois avant le braquage, le récit s’attarde sur Hicham Abassi, jeune homme issu de l’immigration vivant dans le quartier populaire du Lignon à Genève. Rêvant de devenir journaliste d’investigation, il s’est intéressé à un double meurtre datant de 1949 et a durement travaillé pour monter un dossier sur ce drame non résolu. Lors d’un stage au sein de la rédaction du journal L’escalade, il est mis en contact avec le fameux reporter Dorian de Dardenne – une pointure dans le milieu – et souhaite son avis sur son potentiel futur article mais rien ne se passera comme prévu…

Avec son deuxième livre, Matteo Salvadore, jeune auteur d’une petite vingtaine d’années, a choisi de s’intéresser au monde de l’art. La couverture met en avant la magnifique œuvre des Glaneuses datant de 1880, exécutée par le peintre suisse issu du mouvement naturaliste Eugène Burnand, tableau qui se retrouve donc victime d’un vol à main armée dans l’histoire. L’intrigue reste une fiction même si elle évoque certains faits réels, dépeignant l’univers des amateurs d’art et leurs pratiques opaques, et permet également d’entrevoir le passé peu reluisant de la Suisse dans ce domaine.  

Si jeune et déjà si talentueux, Matteo Salvadore livre à nouveau un polar de grande qualité. Avec trois histoires en une, il a su brouiller très adroitement les pistes. Les liens entre le présent et Hicham le journaliste en herbe demeurent obscurs jusqu’aux derniers chapitres, conférant un suspense entretenu avec soin et des questions tenant en haleine. Très bien construite, cette affaire se révèle bien plus complexe que le début ne le laisse présager, et se lit avec avidité !

En résumé

Avec ce deuxième polar, Matteo Salvadore confirme son talent !