Le Gamin au village – Philippe Theytaz

Mon avis

Dans Gamin, son précédent ouvrage (Éditions à la carte 2014, réédition en 2022), Philippe Theytaz avait raconté les aventures de Tchièno alors qu’il passait ses étés à l’alpage. Dans ce nouveau récit, il narre d’autres souvenirs du gamin. Âgé d’une dizaine d’années, les expériences de Tchièno (Etienne en patois) donnent à découvrir le quotidien des villageois du Val d’Anniviers en Valais, dans les années 50. Les moments centraux de la vie de la communauté, comme les journées d’école, les fêtes, les enterrements, le catéchisme, ou encore le rapport aux bêtes, à la maladie, à la mort, sont autant d’occasions de nous plonger dans les habitudes et les mœurs de l’époque.

Dans ces villages isolés, la vie était rude et régie par la religion catholique, pesante et culpabilisante. Le curé, le président, le régent, le médecin sont alors les personnalités les plus importantes du bourg, avec leurs autorités respectives que personne ne pense à remettre en question. La rigueur, la sévérité, la discipline règnent pour tous. L’isolement géographique ne contribuait pas non plus à l’ouverture sur l’extérieur, d’autant que la peur de l’étranger restait très prégnante.

Très sensible et curieux, le gamin n’arrive pas toujours à saisir le monde des adultes, ce qui le rend souvent triste et soucieux. Il faut dire que ce milieu montagnard et patriarcal n’était pas toujours tendre avec les plus jeunes dans ce temps-là, ni avec les femmes cantonnées aux taches ménagères et à l’éducation des enfants.

Philippe Theytaz ayant mis un point d’honneur à conserver le ton de Tchièno, son vocabulaire et sa manière de parler, l’écriture peut surprendre au premier abord, mais ce choix s’avère intelligent car il apporte un côté spontané et agréable au texte. Des interventions de l’auteur nous éclairent aussi sur ce que traverse le petit.

Le gamin au village est un récit empreint de sobriété et de sensibilité, qui ravira les amateurs d’histoires rurales et de récits régionaux. N’omettant pas les détails plus sombres, Philippe Theytaz n’idéalise pas la destinée des montagnards et leur rend un bel hommage. Et c’est sans peine que le lecteur s’imagine dans ces lieux, tant les descriptions des expériences réalisées par Tchièno et les nombreuses photos d’archives posent un cadre vivant.

En résumé

Une belle immersion dans le quotidien d’un gamin valaisan dans les années 50 !

Docteur en sciences de l’éducation, Philippe Theytaz a été notamment enseignant, il est aujourd’hui consultant en éducation et relations humaines, et a publié de nombreux ouvrages dans ce domaine.