La quarantaine de Virginie – Sophie Sciboz

Mon avis

Vendredi 13 mars 2020. L’annonce du Conseil Fédéral tombe : les écoles suisses devront fermer. C’est un choc pour tout le monde ! Les conséquences du Covid-19 deviennent tangibles. Une angoisse sourde monte rapidement chez la narratrice, Virginie. Comment envisager sept semaines avec ses enfants, enfermés à la maison, entre télétravail et école à distance, alors qu’elle a déjà de la peine à être disponible pour eux durant les vacances ? Autre question centrale qui émerge : comment faire pour se passer de son amant ?

Afin d’échapper à son quotidien et pour garder une trace de ces moments, Virginie décide de livrer ses états d’âme et prend son amant comme témoin en lui écrivant des lettres qui resteront bien au chaud dans son journal intime. Elle y narre jour après jour ses joies, ses doutes, ses galères, ses frustrations et cette nouvelle vie à organiser pendant ce premier semi-confinement, entre bonnes résolutions et laxisme inévitable.

Personnage central de ses pensées, on apprend à connaître le fameux amant de Virginie, entre les lignes. Ayant décidé de ne pas le contacter ni de le revoir pendant cette pause, l’héroïne doit apprivoiser le manque physique et intellectuel. Entre ses enfants Nina et Maxime, et son mari Jacques, la mère de famille se pose également beaucoup de questions sur l’avenir qui les attend, une fois l’épreuve passée, et remet les choses en perspective en réfléchissant notamment à sa manière de consommer, son rapport au travail, à son couple et aux réseaux sociaux.

Au travers de ses missives quotidiennes, la jeune femme nous plonge dans ses pensées intimes, avec humour, sincérité et honnêteté, et évoque sans détour ce que traversent son entourage et le monde. De nouveaux liens se créent et une forme de solidarité émerge avec les voisins ou des gens moins proches. Cette crise aura eu un effet positif sur certaines personnes qui ont pu mettre en place des habitudes plus saines, et nous aura fait voir la vie sous un autre angle, moins trépidante.

Privée de concerts pendant la pandémie, la chanteuse – et désormais écrivaine – Sophie Sciboz a commencé à rédiger ces lettres sur les réseaux sociaux dans le même temps. Face au succès rencontré, et grâce à une bourse, elle enregistre ensuite l’histoire sous forme de podcast littéraire. Aujourd’hui, La quarantaine de Virginie compile l’entier des épisodes dans un seul livre. Avec ce format original et une plume accrocheuse, Sophie Sciboz navigue dans la vie de cette famille vaudoise attachante, entre anecdotes touchantes, drôles, coquines, mais aussi plus intenses et tragiques.

Lire ce texte quatre ans après les faits nous transporte dans cette année 2020 si particulière. Cela ne se fera sans doute pas sans une certaine anxiété pour quelques lecteurs, les mots de Sophie Sciboz rappelant immanquablement des souvenirs bons et moins bons. Toutefois, il ressort de ce journal une sagesse, et une réflexion sur ce que nous a appris cette année mémorable, et finalement, ce que nous en avons retiré, tant d’un point de vue individuel que collectif.

En résumé

Un récit touchant et plein de sensibilité !