Malatraix – Emmanuelle Robert

Quatrième de couverture
Septembre 2020 : une sportive fait une chute accidentelle en courant de Montreux aux Rochers-de-Naye. Accidentelle, vraiment? Une ombre plane sur les sentiers de montagne, mettant en émoi la communauté des adeptes de l’ultra-endurance. Mais qui les croira ? Aline, journaliste au chômage, veut comprendre et se risque sur les pas de sa sœur disparue.
Entre deux vagues de Covid-19, de fêtes clandestines en courses annulées, des destins basculent ; des non-dits éclatent au grand jour ; des femmes et des hommes se défient, se séduisent et se font rattraper par leur passé.
Mon avis
Dès les toutes premières pages, le lecteur est prévenu : un homme atteint d’un cancer, en phase terminale, a décidé de débarrasser la montagne des gens qui la salissent, et en ligne de mire se trouvent les traileurs, ces sportifs qui prennent les sommets pour des pistes de course et ne profitent pas de leur beauté selon lui…
Emmanuelle Robert, elle-même adepte de ce sport, n’y va pas de main morte quand il s’agit de critiquer cette pratique et ses collègues obsédés par leurs chronos, leurs tenues high-tech et autres accessoires. Elle se montre aussi très acerbe sur l’impact des groupes sur les réseaux sociaux.
Le suspense est très bien entretenu et amené par petites doses. Le récit enchaîne les chapitres assez courts, avec une alternance de points de vue selon les personnages, tantôt à la première personne quand nous sommes avec le tueur, tantôt à la troisième personne pour la majorité des autres protagonistes. Et en fonction de qui parle, le langage se trouve être très différent, des mots durs, crus, voire grossiers sont parfois prononcés. Dureté et cynisme aussi du côté du tueur qui ne lésine pas sur les moyens pour accomplir sa « mission » !
Malgré cette noirceur, des notes d’espoir et d’amour jalonnent les pages : amour charnel, amour des cimes ensuite. Emmanuelle Robert aime sa montagne et nous livre un vrai plaidoyer pour cette magnifique région des Préalpes. Et même si je suis très loin d’avoir le niveau de nos traileurs et que leurs périples m’ont filé des complexes, l’évocation de toutes ces randonnées m’a donné envie d’aller crapahuter (en espérant ne pas tomber sur un malade comme notre tueur).
Cette plongée dans le microcosme de la Riviera vaudoise – un personnage à part entière, un petit monde où les gens finissent par se croiser, se connaissent sans le savoir – m’a particulièrement plu ! J’ai dévoré les pages de ce polar romand plus qu’efficace et maitrisé de bout en bout.
En résumé
Un excellent polar que je vous conseille vivement !

