Escarpées – Marlène Mauris
Quatrième de couverture
Henri, Annette et leurs trois filles évoluent dans un univers tiraillé entre cimes et abîmes, vertigineux de beauté et d’exigences. Les frottements entre villageois et hôtes de passage redessinent quotidiennement la tradition, la foi, les habitudes et l’usage des mots. L’arrivée d’une jeune Française dans cette maison bouleversée par une tragédie brisera cette mutique intranquillité.
Mon avis
Escarpées met en scène une famille valaisanne : Henri, le père, ouvrier et berger, taiseux et travailleur, et Annette, mère au foyer, à la repartie facile, mais que l’on sent perdue et pas à sa place. Le couple a trois filles : Léonie l’ainée sage et mature, Marion intelligente et effrontée, et enfin, Lucie la petite dernière, sensible et attendrissante.
Suite à un drame, Feodora arrive dans la maisonnée. Française, la jeune artiste de 25 ans accepte cette offre d’emploi après un séjour en Angleterre. A demi-mot, on comprend qu’en plus de gagner quelques sous bienvenus, elle souhaitait se retirer en montagne pour trouver l’inspiration. Mais son séjour ne se passera pas comme prévu. Tenir la maison, gérer les gamines sans se laisser marcher sur les pieds, affronter les mentalités et les regards des locaux s’avèrera un travail éreintant, mais au final une expérience saisissante et nourrissante.
Pour son premier roman, Marlène Mauris nous transporte dans son Valais, au cœur des années 90. Si les paysages grandioses et idylliques sont dans toutes les têtes quand on évoque ce beau canton, l’image d’Épinal ne doit pas faire oublier la réalité. L’auteure livre un portrait sans concession de la vie rurale et montagnarde, de la place de la religion et des coutumes dans la vie des habitants. Que l’on ne s’y trompe pas : l’âpreté du quotidien, rythmé par les saisons et les contraintes, rend l’existence bien souvent très pesante.
Avec une plume tout en finesse, Marlène Mauris brosse un portrait touchant de ces hommes et ces femmes, et plus particulièrement de ce foyer en proie aux difficultés. Une famille comme tant d’autres, rongée par les non-dits et par une pudeur délétère, dans laquelle les choses importantes sont tues, où l’on retient ses larmes, mais qui se révèle terriblement attachante et humaine.
« Si quelque chose pouvait définir cet endroit et ses gens, ce serait bien ça : le non-dit pudique et assourdissant. Il est sublime, profondément résistant, imperméable à la douceur. Rassurant pour l’un, renversant pour l’autre. »
L’arrivée de Feodora, étrangère au village et au pays, permet de prendre de la hauteur et de mettre en perspective les réactions des autochtones, de percevoir leurs silences et leurs paradoxes. Joliment illustrée par Pierre-Yves Gabioud, cette histoire jongle entre tendresse et dureté, et embrase assurément le cœur de belles émotions.
En résumé
Coup de cœur pour ce premier roman très touchant !
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A propos de l’auteure du roman
Née en 1984 à Evolène, Marlène Mauris étudie l’histoire de l’art, le journalisme, la communication et l’ethnologie. En 2019, après 10 ans dans le secteur de la promotion artistique et culturelle (notamment pour Culture Valais et la Fondation suisse pour la culture, Pro Helvetia), elle plaque sa vie à Zürich pour reprendre une épicerie de montagne à La Sage (VS). Elle travaille également en tant qu’écrivaine public et organise des rencontres artistiques. Escarpées est son premier roman.
A propos du livre
Éditions Favre
Lausanne, mars 2024
200 pages