Ce qu’il reste de tout ça – Fanny Desarzens
Quatrième de couverture
« Ça fait comme dans une file de gens, on est chargé par exemple d’un paquet et on le donne au suivant parce que c’est trop lourd. Ou au contraire c’est quelque chose de léger qu’on confie au creux de la main à celui qui suit, on referme les doigts sur la paume pour dire : prends-en soin. »
Mon avis
Dans un village tranquille quelque part en Suisse, Francis est chef de train, sa femme Josée s’occupe de l’épicerie. Le couple a une fille, Marianne. Leur vie est bien rodée, jusqu’au jour où Francis est affecté dans une autre gare. La famille se voit alors contrainte de quitter la campagne pour la ville, la maison blanche est vendue et Josée doit laisser le magasin. Les années passant, les parents vieillissent, Marianne grandit, devient couturière, se marie, a des enfants à son tour, et des petits-enfants.
Ce qu’il reste de tout ça est un récit de vie ordinaire, rien de spécial ne vient perturber le calme et le cours de ces existences somme toute banales. Fanny Desarzens déroule un fil sur quatre générations, relatant l’essentiel de cette famille comme on en trouve tant d’autres. Avec un rythme lent et contemplatif, la romancière vaudoise rend hommage à un quotidien révolu et lointain, un quotidien dans lequel les plaisirs simples avaient encore leur place. L’on peut y lire aussi la rudesse, le labeur, et la mentalité du monde paysan en toile de fond. L’époque se veut être encore celle des taiseux, des conventions rigides bien ancrées mais l’on devine des changements en perspective.
Pour son troisième roman, Fanny Desarzens signe à nouveau un texte très court, doté d’une écriture simple et directe, tout en étant extrêmement riche en émotions. Arrivant à décrire avec peu de mots des sentiments doux et durs à la fois, l’auteure n’a pas son pareil pour sublimer les petits riens, les petits gestes et la vraie vie. Il se dégage des pages une lenteur bienvenue et une atmosphère lénifiante, loin de l’agitation et des sollicitations délétères de notre société actuelle.
Une belle histoire transgénérationnelle qui renvoie à nos aïeux, et interroge sur nos parcours et sur la transmission de nos héritages matériels et immatériels. L’existence s’écoule en un claquement de doigts, le temps file à une vitesse folle, mais que faisons-nous de ces moments précieux ? Et que restera-t-il de nous au bout du compte ?
En résumé
Une fois encore touchée en plein cœur par la plume de l’auteure !