Romans,  Suisse

Sur les traces de mon père – Francine Crettaz

Quatrième de couverture

En 1961, Jules meurt d’un cancer. Il avait trente-huit ans et vivait dans le Val d’Anniviers (Valais). Impliqué dans la vie et le développement de ce coin du monde, il a été instituteur, postier, vice-président de sa commune.

Des décennies plus tard, sa fille le ressuscite pour le prendre à témoin de son parcours. Elle creuse dans ses souvenirs d’enfance, interroge sa fratrie, recourt à l’imagination pour combler les trous et mène l’enquête jusqu’au sommet de La Chapelle de Zinal. Au fil du récit, son père – resté dans sa tête un monument de glace – se réchauffe, prend des couleurs, se nuance, devient humain.


Mon avis

Francine Crettaz n’a que 7 ans lorsque son père, Jules, est emporté par un cancer en 1961. Plus de 60 ans après son décès, elle aura eu besoin de ce temps pour faire son deuil, au travers notamment d’une démarche commencée il y a plusieurs années pour recueillir les témoignages de ses proches, en se plongeant dans les archives et les cartons de souvenirs, afin de mettre en mots la vie de son père, disparu à seulement 38 ans. Une vie, si courte soit-elle, ne peut pas être retracée aussi facilement que cela. Certains passages sont imaginés, l’auteure le dit elle-même : « […] il s’agit d’un vrai faux récit ou d’une fausse histoire vraie ».

Dans ces lignes, nous apprenons à connaître la famille Crettaz. Tout d’abord, Francine Crettaz évoque la genèse de ses ancêtres à une époque très lointaine, ayant quitté la plaine pour une nouvelle vie, bravant la gravité pour conquérir des territoires en montagne. Puis elle se rapproche de son temps, en passant par ses grands-parents, puis ses parents, Jules et Thérèse, qui doivent demander une autorisation à l’église pour pouvoir se marier car étant cousins ! Le couple donne par la suite naissance à 5 enfants, Francine étant l’avant-dernière.

Instituteur une partie de l’année, Jules doit subvenir au besoin de sa famille en dehors de la période scolaire et exerce alors plusieurs emplois, comme comptable, vice-président de la commune, postier à Zinal, et installe même une petite épicière en bas de sa maison. Jules représentera une figure importante du Val d’Anniviers au cours des années 50 et 60, et sera un homme très apprécié car ayant fait énormément pour sa communauté.

De manière fluide, usant d’un ton actuel parfois irrévérencieux, Francine Crettaz déroule le récit vivant et poignant d’une fille partie à la quête de son père dont on devine l’absence pesante et douloureuse. La Valaisanne fait des incursions dans le texte pour expliquer son cheminement et le processus qui l’a habitée tout au long de l’écriture. Elle s’attache à dépeindre au plus juste le quotidien de l’époque et de la région, sans cacher les conditions difficiles, le manque d’argent, la place de l’église, les catastrophes naturelles, et n’oublie pas de remettre les choses dans leur contexte. 

Nous sommes dans les Trente Glorieuses, le monde est en pleine évolution, le progrès gagne même ce coin de montagne. De grands chantiers débutent avec notamment la construction de barrages, de stations de ski, et l’essor du tourisme s’amorce, la Vallée s’ouvrant sur l’extérieur. Il est alors très intéressant de saisir les réalités des montagnards, les mentalités et les défis à relever pour pouvoir jouir à l’année d’un cadre aussi magnifique mais exigeant.

En résumé

Le touchant hommage d’une fille à la recherche de son père

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A propos de l’auteure du roman

Née en 1954 à Zinal (VS), Francine Crettaz grandit dans le Val d’Anniviers. La famille déménage à Sierre après le décès du père en 1961. Elle quitte le Valais en 1978 pour s’installer à Lausanne. Diplômée en sciences politiques, elle travaille dans la communication politique et sociale, et est maintenant lectrice pour la Bibliothèque sonore romande. Après la publication de plusieurs récits de vie pour ses proches, elle sort en 2024 son premier roman, Sur les traces de mon père.

A propos du livre

Editions Plaisir de Lire
Lausanne, mai 2024
200 pages



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