Smoothie – Stéphanie Glassey

Quatrième de couverture

Une intellectuelle imprégnée de philosophie se trouve confrontée à un monde au positivisme imposé où règne la tyrannie de la forme physique et de la santé, et où le yoga semble réduit à une pratique hygiéniste.

Face à ce nouvel environnement en inadéquation totale avec sa culture du doute et son affection pour la mélancolie, arrivera-t-elle à puiser l’équilibre nécessaire pour faire le deuil de son ancienne histoire d’amour et réapprendre à vivre ? 

Mon avis

Au bout de huit ans de relation, la narratrice se fait plaquer par son compagnon Adrian. Après toutes ces années, c’est un choc pour la jeune femme ! Le temps, la vie et les confinements ont eu raison de leur couple. Petit à petit les liens se sont distendus, mais enfermée dans sa routine confortable, elle n’a pas vu venir la rupture.

Blessée, triste et maintenant seule avec ses chats, elle tente de briser sa solitude grâce à une application de rencontres, mais ne connaissant pas les codes de la drague de nos jours, elle se prend un vent après un rendez-vous avec un type musclé adepte d’une philosophie de vie aux antipodes de la sienne. Elle prend conscience qu’elle n’est décidément plus du tout à la page et se trouve déconnectée des mœurs des années post Covid.

Curieuse mais dubitative, elle se penche alors sur ce healthy way of life qui semble régir le monde. Plutôt du genre cynique, friande de remarques décapantes, notre héroïne tâtonne au milieu de ces nouvelles injonctions, des cours de yoga et autres méthodes au positivisme exagéré. Fille intelligente, elle tente de comprendre, mais en voulant intellectualiser tout ce qui la déconcerte, elle se heurte à des murs, et se sent encore plus mal.

Avec sa belle plume, Stéphanie Glassey amène en peu de pages à relativiser et signe un joli conte moderne et fort agréable qui parlera à un large public. Dans ce petit roman coup de poing sorti dans la Collection Uppercut des Editions Okama, l’auteure valaisanne livre une critique acerbe et juste des dérives contemporaines, notamment liées aux réseaux sociaux, où pullulent les ordres bien-être souvent plus culpabilisants qu’inspirants. On rit volontiers de certains personnages caricaturaux à souhait, le récit alternant entre moments cocasses et philosophie, avec des prises de consciences de la jeune narratrice paumée et attachante, se débattant entre tristesse et volonté de sortir la tête de l’eau.

Smoothie offre une réflexion intéressante sur l’apologie d’être bien dans ses baskets dans un monde plus que sombre, et sur le diktat à être la meilleure version de soi-même qui paraît souvent difficile à atteindre.

En résumé

Un petit texte percutant et déculpabilisant !