Crimes pour une croix – Henri Gautschi

Mon avis

Nous sommes au printemps 1604, presque deux ans après le fameux épisode de l’Escalade. Henri IV, roi de France, vient officiellement de reconnaître l’appartenance de certains villages de la Champagne genevoise à la République de Genève. La frontière entre le Duché de Savoie et la Cité de Calvin réformée est ténue, et même au sein de certaines bourgades, des familles catholiques se mêlent aux protestants, la cohabitation se déroulant sans trop d’encombre en apparence.

À Chancy, à l’extrémité de la campagne genevoise, plusieurs corps de jeunes filles catholiques sont retrouvés égorgées, leur collier arborant une croix ont également disparu lors des attaques. Théodore Bovier, jeune homme travaillant comme charpentier avec sa famille au village, est dépêché auprès de l’auditeur de justice Maurice Boismond pour l’assister dans son enquête. Il passera à cette occasion du temps au cœur de la ville du bout du lac, un monde interlope et surprenant, peu habitué à toute cette agitation et à ces rues sales et bruyantes. Il découvrira aussi une manière de faire émerger la vérité quelque peu violente et expéditive.

Avec des chapitres très courts, Henri Gautschi nous propose une immersion dans l’histoire du territoire genevois, au travers d’une vaste galerie de personnages, allant du charpentier, tenancier de taverne, métayer, pasteur en passant par la famille de La Grave, des notables proches de la cour du Duc de Savoie et leurs employés.

Peu portée sur les livres avec un ancrage historique, je dois admettre que la première partie – à la construction linéaire – m’a paru un tantinet lente et m’a un peu freinée… Mais contre toute attente, l’intrigue a fini par m’embarquer. Il faut dire que Henri Gautschi a su parfaitement retranscrire l’ambiance que l’on peut imaginer du XVII^e siècle. Nous ressentons bien au fil des pages que l’auteur maitrise son sujet, apportant un éclairage très intéressant et instructif sur cette période et sur le quotidien des gens. Grand amateur d’histoire, il écrit d’ailleurs régulièrement des articles à ce sujet dans le journal de Chancy.

Crimes pour une croix termine la trilogie commencée avec La nuit la plus longue (2018) et Clothilde : au temps de la Saint-Barthélemy (2021). Les livres peuvent se lire indépendamment. Même si romancé, le récit évoque certains noms de personnages connus, mais leur histoire a été revisitée par l’auteur.  

En résumé

Un roman historique agréable nous plongeant dans la Genève de 1604.