Les Sacrifiés – Sylvie Le Bihan

Quatrième de couverture
A l’âge de quinze ans, alors que la famine sévit dans son Andalousie natale, Juan Ortega quitte sa famille pour devenir le cuisinier d’Ignacio, un célèbre torero. Dans son sillage, à Madrid, New York et Paris, Juan se laisse happer par l’effervescence des années folles. Il croise la route du poète solaire Federico García Lorca et se consume d’amour pour Encarnación, danseuse de flamenco, muse de toute une génération d’artistes et amante d’Ignacio. Mais déjà la guerre gronde et apporte son cortège de tragédies.
Mon avis
Avec Les Sacrifiés, je fais une petite entorse à la littérature suisse. Lu dans le cadre du jury du Prix du Festival du LAC 2023, le roman de Sylvie Le Bihan, premier livre sélectionné, colle parfaitement au thème de cette nouvelle édition : la passion.
Même s’il s’agit d’un roman et que certains aspects sont inventés, comme la vie de Juan, jeune gitan envoyé dans une hacienda pour y faire la cuisine alors qu’il est encore adolescent, on comprend rapidement qu’une partie des personnages évoqués est connue. L’auteure relate notamment les vies de toreros célèbres comme Ignacio Sánchez Mejías, Joselito, ainsi que des intellectuels, écrivains de la Génération de 27, dont Federico García Lorca et pour finir Encarnación López Júlvez, alias La Argentinita, chanteuse et danseuse de flamenco.
Le récit s’étale des années 1920, dans une Andalousie pauvre et poussiéreuse à l’an 2000 où nous retrouvons Juan à 89 ans, à Paris. Des flashbacks nous font revivre la jeunesse des protagonistes, leurs vies d’artistes et de bohème entre Madrid, New York, Paris et la passion que chacun porte à son art, et l’amour inconditionnel que porte Juan à Encarnación, sentiments non réciproques qui forgeront toute la vie du jeune homme.
Surtout, Sylvie Le Bihan nous plonge dans cette époque charnière du XXème siècle en Europe avec la mise en place du fascisme et de l’extrémisme, et la terrible guerre civile qui fera rage de 1936 à 1939. Une période sanglante et très mouvementée pour l’Espagne, très attachée à ses traditions, une société encore fortement placée sous le joug de l’église, où l’instabilité politique, les clivages entre certaines communautés très conservatrices auront décimé ce pays et fait fuir une grande partie des habitants.
Roman extrêmement bien écrit, relatant des vies incroyables, et bouleversant de dureté sur la guerre civile, Les sacrifiés est aussi un récit dense et douloureux. Le texte a tout d’une œuvre romanesque pouvant mener le lecteur à un coup de cœur. Nous sommes dans l’Histoire avec un grand H et la passion est bien présente et digne des plus belles tragédies, avec ses non-dits, ses secrets, sa rancœur et des destins brisés.
Malheureusement, cela n’a pas fonctionné pour moi… Malgré le fait que je connaisse bien l’Espagne pour y avoir passé quelques mois pour apprendre la langue, et découvrir la culture, notamment dans la magnifique Séville, j’ai une profonde aversion pour la tauromachie. N’appréciant pas non plus le flamenco, cela ne m’a pas aidée à rentrer dans le récit et que je m’attache aux personnages, certains m’ont même porté sur les nerfs. J’ai mis des semaines à finir ma lecture, ayant toutes les peines du monde à reprendre le rythme après chaque pause. De plus, certains passages du début sont un peu longuets…
En résumé
Une grande histoire romanesque qui n’a malheureusement pas su m’embarquer…
*****************************
A propos de l’auteure du roman :
Née en 1965 à Nice, Sylvie Le Bihan étudie le droit et les sciences politiques. Elle travaillera ensuite dans la communication, comme chasseuse de tête à Londres et ensuite comme responsable des projets des restaurants Pierre Gagnaire à l’étranger. Les sacrifiés est son 5ème ouvrage.
A propos du livre :
Paris, Août 2022
384 pages

